La filière chocolat : consommation en France et culture de cacao dans le monde

Panorama #2 : La filière chocolat : consommation en France et culture de cacao dans le monde


La consommation de chocolat en France et la place du cacao équitable

Les Français, très friands de chocolat, en consomment en moyenne 7,3 kg / pers / an. Pourtant, seulement 240g proviennent du commerce équitable(1). Cela représentait, en 2017, 28 millions de produits chocolatés vendus sous le label Fairtrade / Max Havelaar(1). Cela laisse entrevoir le nombre astronomique de produits chocolatés vendus non issus du commerce équitable.

consommation de chocolat équitable et non-équitable en France par an et par habitant (source: Max Havelaar)

Situation de la filière cacao : l’étau se resserre pour les producteurs

La consommation mondiale de cacao aura augmenté de 20 % entre 2020 et 2025(1).

La filière chocolat, comme la filière café, requiert une production colossale, réalisée par des pays en développement. La culture de cacao est centrée sur quelques pays d’Afrique seulement. La Côte d’Ivoire et le Ghana regroupent à eux deux 70% de la cacaoculture mondiale(2).

Derrière ces chiffres impressionnants se cachent des conditions de vie très difficiles pour les 50 millions de personnes dépendant de cette culture. 90% du cacao provient de petites exploitations familiales, soumises aux multinationales réalisant la transformation des fèves. Seulement 3 entreprises transforment presque 60% des fèves de cacao produites dans le monde(1). Ce déséquilibre vient s’ajouter aux prix bas auxquels sont vendues les fèves. Lorsque ceux-ci augmentent, les profits ne sont souvent pas captés par les producteurs mais par d’autres intermédiaires.

Le résultat est une extrême pauvreté pour les cultivateurs de cacao, du travail des enfants, du travail forcé et de la déforestation pour s’ajuster à la demande toujours croissante.

Le commerce équitable, un modèle en réponse aux difficultés de la filière chocolat

Le commerce équitable apporte une réponse essentielle aux planteurs de cacao, qui comme les cultivateurs de café, sont écrasés par les lois du marché global.

Regroupement en coopératives pour augmenter le pouvoir de négociation, instauration d’un prix minimum garanti ainsi que d’une prime de développement et d’une prime pour la conversion en agriculture biologique… Les garanties du commerce équitable ont pour but de permettre aux planteurs de dégager des revenus suffisants pour réinvestir dans leurs plantations, souvent vieillissantes, afin d’améliorer les rendements et la qualité du cacao produit.

Empreinte écologique et durabilité de la filière cacao : zoom sur l’agroforesterie, une possible solution

La durabilité de la filière cacao est menacée par la baisse des rendements agricoles. Les vergers vieillissants produisent de moins en moins et nécessitent des apports d’intrants chimiques. Pour produire plus, les planteurs déforestent donc massivement, particulièrement en Afrique de l’Ouest. Cette pratique émet beaucoup de gaz à effet de serre dans l’atmosphère qui contribuent au dérèglement climatique.

L’agroforesterie, ou l’association d’arbres forestiers et fruitiers aux cacaoyers, a longtemps été déconseillée à cause de rendements plus faibles qu’en monoculture. Cependant, une étude récente menée au Cameroun a montré que cela n’empêche pas des rendements corrects(2). De plus, la cacaoculture en agroforesterie va nécessiter bien moins d’intrants chimiques, l’association aux autres arbres permettant de lutter contre les nuisibles. Mieux encore, cette pratique permet de prolonger la durabilité des cacaoyères au-delà de 40 ans, âge auquel elles doivent être réhabilitées en monoculture. Enfin, cette méthode permet un stockage du carbone bien supérieur à la monoculture, ce qui est indispensable aujourd’hui pour lutter contre le dérèglement climatique(2).

L’agroforesterie est donc une solution solide pour répondre à la demande en chocolat tout en améliorant la durabilité et en diminuant l’empreinte écologique de la filière. Des résolutions ont été prises en ce sens en 2017 à la COP23 de Bonn. La Côte d’Ivoire, le Ghana ainsi que les plus grandes entreprises de l’industrie du cacao se sont engagés à promouvoir cette pratique et à protéger les forêts. Une lueur d’espoir pour la filière, qui est aujourd’hui à la croisée d’enjeux économiques, sociaux et environnementaux majeurs.

Par Marianne Lachaud


PANORAMA #1 Le commerce équitable en France au sein de la filière café

PANORAMA #2 La filière chocolat : consommation en France et culture de cacao dans le monde

PANORAMA #3 La durabilité de la filière lait en France

PANORAMA #4 Consommation de noix de coco et mise en péril de la durabilité de la filière


Pour aller plus loin :

(1) : Max Havelaar France

(2) : Cirad

Max Havelaar France, Cacao et chocolat équitables :

https://maxhavelaarfrance.org/les-produits-fairtrade-maxhavelaar/cacao-chocolat-equitable/ Jagoret P., Saj S., Carimentrand A., 2020. Cacao- culture agroforestière en Afrique : l’art de conci- lier production durable et services écologiques. Montpellier, Cirad, Perspective 54 : https://doi.org/10.19182/perspective/31915