Vente en vrac

Découvrez les avantages de la consommation en vrac !

En 2022, environ 10 000 points de vente proposent plus de 1000 références de produits alimentaires et d’entretien en vrac en France ! D’où vient cet engouement ? Le vrac est-il véritablement accessible à toutes et à tous ? Il est temps de remiser les idées reçues !

Par Clémence Félix Jamet

Visite guidée de nos déchets

Commençons par le cœur du problème : nos poubelles trop remplies. D’après l’ADEME, 9% des déchets produits en France sont générés par les ménages. Cela signifie 254 kg par Français·e par année. Parmi cette masse, les emballages ménagers représentent en moyenne 50 kg. Leur taux de recyclage est de 68 %. Si cela semble être une proportion acceptable, regardons de plus près les emballages en plastique. Ceux-ci forment 23 % des emballages jetés, soit 11,5 kg. Leur taux de recyclage est bien moindre, à hauteur de 28 %. Cela représente une source immense de pollution.

De plus, ces paquetages ont le désavantage de nous obliger à choisir une certaine quantité d’un produit. Ajoutons à cela les incitations à acheter toujours davantage et en plus grosses quantités. Nous sommes sans cesse stimulé·e·s pour acquérir des produits qui, une fois stockés chez nous, ne sont pas utilisés car nous avons trop pris par rapport à nos besoins réels. Et une fois la date limite de consommation dépassée, nos achats finissent… à la poubelle. En France, le gaspillage alimentaire pèse 29 kg par an, par personne. Sur une échelle mondiale, il représente près de 10 % des émissions de gaz à effet de serre.

Jeter la pierre aux entreprises de recyclage et de revalorisation est aisé, mais vous aussi, en tant que consommateur ou consommatrice, disposez d’un pouvoir d’action ! Il suffit effectivement d’éviter, en premier lieu, ces emballages. En vous détournant des produits pré-emballés, vous signalez aux producteur·rice·s, fabricant·e·s, vendeur·se·s, que vous n’en voulez plus. Il ne sert donc à rien d’en fabriquer !

Emballages et gaspillage alimentaire alourdissent chaque année nos poubelles. Infographie de leurs impacts respectifs.
Infographie de nos déchets ménagers

Consommer en vrac est-il la solution ?

Prendre des produits déjà empaquetés apparaît, de prime abord, plus pragmatique. Cette idée est entérinée par l’habitude, à tel point que ce choix se présente comme automatique, presque naturel – non plus comme un choix conscient, une décision qui, finalement, pourrait être différente. Pourtant, il suffit de changer, progressivement, ses habitudes.

« C’est bien à la source que les potentiels de réduction sont les plus importants : dans nos habitudes de consommation. »

ADEME, in « Déchets chiffres-clés. L’essentiel 2021 », p12

Cela est d’autant plus important que l’ADEME observe un lien direct entre l’augmentation de la consommation et celle des déchets. Alors, comment consommer mieux ?

Les produits en vrac se multiplient, couvrant de plus en plus complètement les besoins des ménages. En 2022, leurs références dépassent le millier. Ils se retrouvent de façon croissante dans les magasins, y compris ceux de la grande distribution. Et sans doute à raison, car ils ont de nombreux avantages :

  • Le vrac représente un moyen idéal de diminuer son impact environnemental. Il réduit le gaspillage alimentaire. Il génère jusqu’à 95 % d’emballages en moins. Cela signifie autant de matériaux, de CO2 et d’eau économisés ! La production des emballages nécessite en effet énormément d’eau, elle aussi ressource limitée.
  • Le vrac incite à sélectionner des produits moins transformés. Il favorise le « fait-maison » et donc un meilleur équilibre alimentaire. Il contribue ainsi à une amélioration globale de l’alimentation.
  • Les produits en vrac ne sont pas forcément moins chers que les produits pré-emballés. Cependant, le vrac permet d’acheter seulement ce qui nous est utile et nécessaire. Fini les surplus et les incitations à l’achat ! Maîtriser ses quantités mène à mieux maîtriser son budget. De plus, le traitement et la revalorisation des déchets coûte de l’argent. En 2018, le service public de gestion des déchets coûtait en moyenne 122€ (hors taxe) par habitant·e. Éliminer les déchets signifie moins s’appuyer sur ces services. C’est par conséquent un allègement de ce coût !

Dès lors, le vrac incarne un modèle de consommation responsable. Il n’est pas « la », mais une, solution pour aider à la résolution de la crise écologique. Il fait certainement partie des actions insuffisantes mais nécessaires que nous pouvons tous et toutes entreprendre.

La note de l’ANSES

La réglementation sur le vrac a longtemps été peu fournie. Cependant, la quantité et la variété des produits proposés par ce mode de distribution se multiplient depuis plusieurs années. De ce fait, la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) a saisi l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES). La mission de cette dernière était de forger des recommandations, dans l’optique d’une nouvelle réglementation.

La note de l’ANSES a été publiée fin 2021. Son bilan ? Dans l’ensemble, elle estime que les distributeurs et distributrices doivent s’améliorer au niveau de l’information des consommateur·rice·s, du contrôle des quantités vendues et de l’application des règles d’hygiène.

Des produits exclus

Sa liste de produits à exclure de la vente en vrac contient tous les produits qui représentent un danger potentiel ou exigent une protection spécifique. Nous pouvons citer les produits pour bébé, les piles, les produits d’hygiène intime… mais aussi les produits de lavage et d’entretien, tels que les lessives, les détergents, les assouplissants et les désinfectants, en raison des substances chimiques dangereuses pouvant se trouver parmi leurs composants.

D’autre part, l’ANSES remarque que ce mode de distribution ne s’adapte pas à tous les produits. Certains labels, notamment, prévoient dans leurs critères un conditionnement spécifique. C’est le cas des appellations d’origine protégée ou contrôlée (AOP, AOC).

La nécessité d’un étiquetage minutieux

L’ANSES met en avant les soucis d’étiquetage. Les étiquettes servent à indiquer la quantité, la composition (pour éviter les allergies par exemple), la date limite de consommation le cas échéant, les pictogrammes et mentions de danger, les coordonnées du·de la fournisseur·se. Si les magasins proposant la vente en vrac ont trouvé différentes techniques pour transmettre ces informations aux consommateurs et consommatrices, un éventuel manque de rigourosité soulève plusieurs problèmes. Qu’en est-il du risque allergène, de la maîtrise des contaminations, de la traçabilité des lots (information vitale en cas de rappel) ?

En outre, l’ANSES considère que le manque d’information à propos de la durée de conservation et de mode d’emploi (conditions de conservation, modalités de préparation ou de cuisson) peut laisser le·la consommateur·rice démuni·e. Cela mènerait possiblement à davantage de gaspillage alimentaire. L’absence de données pourrait également favoriser les pratiques à risque en dépassant les dates limites de consommation.

La vente en vrac est possible en adoptant de bonnes pratiques
La vente en vrac est possible en adoptant de bonnes pratiques

Le vrac : une impasse ?

La note de l’ANSES n’établit que des recommandations. Elle ne signifie pas que la vente en vrac est à condamner, mais à améliorer. Il est possible de sécuriser ce mode de distribution, en particulier en formalisant les bonnes pratiques – ce qu’une réglementation devrait justement encourager.

L’ANSES souligne qu’il existe trois modes de vente en vrac, modes dont elle n’a pas tenu compte lors de ses recommandations. Ainsi, certains produits pourraient être vendus selon un certain mode et donc toujours être disponibles en vrac.

Il existe :

  • la vente assistée (un·e vendeur·se se charge du prélèvement et du conditionnement des produits à la demande du·de la consommateur·rice)
  • la vente accompagnée (sous la surveillance d’un·e vendeur·se, le·la consommateur·rice s’occupe du prélèvement et/ou du conditionnement des produits)
  • la vente en libre-service (le·la consommateur·rice effectue le prélèvement et le conditionnement)

Comment consommer en toute sécurité

La plupart des recommandations ciblent l’amont de l’achat : la fabrication, le conditionnement et le transport. Les consommateur·trice·s détiennent toutefois elles et eux aussi un pouvoir d’action. En effet, un tiers des toxi-infections alimentaires collectives se manifeste à la suite de repas familiaux. Autrement dit, ce sont de mauvaises pratiques au sein des foyers qui provoquent ces toxi-infections alimentaires.

En magasin

En magasin, employez les pinces et pelles mises à disposition. N’échangez pas les ustensiles entre eux et n’utilisez pas un ustensile pour plusieurs produits. Chaque produit doit avoir son outil. Cette exigence évite les contaminations croisées, par exemple d’un aliment qui contient un allergène vers un aliment qui n’en contient pas, le premier contaminant alors le second. Cela met à risque toute personne qui se servirait du second produit en pensant ne pas trouver l’allergène (exemple : des cacahuètes vers des graines de sésame).

Le conditionnement

Choisissez soigneusement vos contenants. Certains matériaux avec lesquels ils sont faits ne sont pas toujours adéquats pour un contact avec des produits alimentaires. Ils peuvent entraîner un danger pour votre santé, une modification significative de la composition des denrées ou une altération de l’apparence, du goût, de l’odeur, de la texture du produit. Les matériaux adaptés sont identifiables grâce au symbole d’un verre à pied accolé à une fourchette, à la mention « convient pour aliment » ou encore une mention particulière, liée à l’utilisation (comme les bouteilles de vin ou les machines à café).

Logo indiquant qu’un contenant est apte à contenir des produits alimentaires

Le visuellement propre est la préconisation de mise. Néanmoins, soyez vigilant·e·s : un contenant ayant recelé des produits d’entretien ne doit pas être réutilisé pour des produits alimentaires. À l’inverse, restez attentif·ve·s quand vous employez un contenant pour des produits non alimentaires qui autrefois a contenu des produits alimentaires (telle qu’une bouteille d’eau qui servirait pour votre lessive). Pensez à les étiqueter et à les ranger séparément, afin de ne pas les confondre avec un contenant de produits alimentaires.

Mars mois du vrac

Depuis 2022, mars a été élu mois du vrac en France. Ces quatre semaines ont pour objectif de sensibiliser à ce mode de distribution, d’informer et d’initier les consommateur·rice·s. Conférences, dégustations et jeux concours sont au programme. Cela permet aussi de donner de la visibilité aux acteurs et actrices de ce secteur, de celles et ceux qui fabriquent les produits à celles et ceux qui les mettent en vente.


Retrouvez des produits alimentaires et d’entretien de qualité, en vrac, à Supercoop, le magasin qui change tout ! Pour en savoir plus, passez à la coopérative ou venez à nos réunions d’information !

Sources

https://consommervrac.fr/

https://www.actu-environnement.com/ae/news/anses-liste-produits-interdits-vente-vrac-38599.php4

https://www.sudouest.fr/economie/l-anses-liste-de-nouveaux-produits-a-exclure-du-vrac-7291086.php

https://actu.fr/societe/vente-en-vrac-pourquoi-la-lessive-et-le-detergent-sont-deconseilles_46846232.html

https://www.pour-nourrir-demain.fr/le-mois-du-vrac

https://theconversation.com/vente-de-produits-en-vrac-comment-la-mettre-en-place-en-toute-securite-176196

https://librairie.ademe.fr/dechets-economie-circulaire/5417-dechets-chiffres-cles-l-essentiel-2021-9791029719622.html#/44-type_de_produit-format_electronique

https://theconversation.com/vente-de-produits-en-vrac-comment-la-mettre-en-place-en-toute-securite-176196

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